

Impression première ou phase intuitive :
Les différents portraits, caricature comprise, donnent l'impression d'une grande énergie, d'un vrai besoin d'implication relationnelle, le tout teinté d'impertinence et d'amusement.
Principaux indices morphologiques :
• Type Longiligne
• Visage oblong
• Expansion de l’étage émotionnel/relationnel, franche avancée ou projection de l’étage
• Nez long, grand et aquilin, (voire crochu selon caricature)
• Yeux orbiculaires réceptifs, paupières légèrement recouvrantes
• Regard vif et malin
• Forte arcade sourcilière avec sourcils très fournis
• Front presque rond réceptif, soupçon de léger méplat sur la zone de réflexion
• Bouche très dessinée, lèvre supérieure très fine
• Lèvres entr’ouvertes
• Etage instinctif recouvert par une épaisseur des chairs, grande réceptivité
• Double menton
• Profil : projection de l'étage médian et spécifiquement du nez
• Profil : avancée du menton (menton assez long) une fossette au centre
• Profil : recul de la lèvre inférieure
• Profil : cou court, voire effacement du cou
• Cheveux roux et frisés
Autres indices :
• Asthme
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Ces indices morphologiques relevés, une perception globale et non plus analytique, font apparaître l’antagonisme suivant : il y a un antagonisme central entre d’une part, une forte projection de l’étage médian et d’autre part, une grande réceptivité de l'ensemble
La formule – clé qui en résulte est la suivante : sur un type morphologique de Longiligne, une importante réceptivité du cadre, des yeux et des chairs entre en antagonisme avec une forte projection de l'étage médian et surtout du nez. Nous pouvons ajouter des antagonismes réceptivité/tonicité sur chaque étage.
Développement de cette formule - clé :
En tant que Longiligne classique, Antonio Lucio Vivaldi est logiquement à l'aise au sein de la mouvance flamboyante et diversifiée de sa ville natale. La réceptivité générale (ovalité du cadre, épaisseur des chairs, yeux orbiculaires) lui permet facilement de s'imprégner des idées, d'assimiler les variations ambiantes. Son nez, par son volume et surtout par l'échancrure de ses narines, amplifie encore cette réceptivité, cette aptitude à capter les tendances et à "sentir les choses". C'est un indéniable élément (associé à quelques autres) de son sens de l'inspiration instantanée.
Le nez est en relation étroite avec les poumons. Or la précarité de sa santé, avérée dès sa naissance, révèle un problème d'asthme. Le premier organe théoriquement concerné est le poumon. En médecine traditionnelle chinoise, le poumon est le "maître du souffle". En symbolisme, c'est le cœur-centre distinct mais associé au cœur-organe. "L'arbre pulmonaire est aussi un arbre phonatoire, celui du verbe, de la parole" (Annick de Souzenelle – Le symbolisme du corps humain). Cela suggère l'hypothèse d'un arbre pulmonaire trop grand dans une cage thoracique trop étroite, "…le mal de poitrine ou l’étroitesse de poitrine m’empêche de marcher…". Le nez par son volume et les narines par leur morphologie, échancrées et fines, sont la contrepartie à cette étroitesse de poitrine. Notons que Vivaldi emploie le verbe "marcher" plutôt que "respirer". Les problèmes du système respiratoire suggèrent également une difficulté à recevoir la vie dans toute son amplitude (inspir-expir). La peur (ambition, trop ou pas assez, envergure, interdits familiaux, ou simplement la peur de manquer d'air) mais aussi une difficulté de posture face aux "agressions" réelles ou imaginaires. Pour Vivaldi, être "empêché de marcher" peut enfin signifier un refus d'oublier, de pardonner, trahissant là une éventuelle tristesse de fond (songeons à la mélancolie d'Albrecht Dürer) ou quelques rancunes, comme une demande ambiguë ou contradictoire d'amour et de protection et à la fois d'air et d'espace. Nous pourrions nous interroger sur la posture réelle de son père ou de sa famille sur ce choix de se détourner de la carrière ecclésiastique.
Le nez est aussi un organe sensoriel caractéristique dans le cadre du visage mais aussi au centre de l'étage émotionnel/relationnel. Outil relationnel par excellence, en articulant environnement et vécu émotionnel/relationnel, c'est aussi le point focal pour identifier un visage et donc une personne. Enfin le nez confirme, voire affirme la réalisation de sa personnalité. S'il n'avait été "rosso", son signe distinctif aurait été sans nul doute son nez. Sachant que le développement abouti d'un nez est la forme aquiline, Antonio Vivaldi présente un appendice en conformité avec l'amplitude de son œuvre et le déploiement des "quatre saisons", son chef-d'oeuvre. Son abondante production musicale est à la mesure du volume d'air dont il pensait manquer.
Pour respecter le plan d'un portrait, la vocation existentielle d'Antonio Vivaldi est celle d'un Longiligne classique. La vocation existentielle ne décrit pas la personnalité, mais elle donne une tendance, un socle commun à tous les Longilignes classiques. Chacun ensuite est libre ou non de suivre sa vocation. "Vivre c'est-à-dire éprouver par soi-même et directement sur le terrain, la multitude des expériences que le monde extérieur nous présente dans sa diversité infinie". C'est probablement une des sources de sa grande activité et de la diversité de ses influences, comme "son goût pour l'audace et l'exotisme". Il est reconnu comme l’un des plus importants compositeurs de la période baroque, en tant que principal créateur de concertos de soliste. Il s’est exercé dans les domaines de la musique instrumentale (particulièrement le violon mais aussi beaucoup d'autres instruments) et de la musique lyrique. Il a produit un nombre considérable de concertos, sonates, opéras et pièces religieuses. Cette vigueur et cette diversité, Igor Stravinsky l’affirme cependant sous forme de boutade selon laquelle Vivaldi aurait composé non cinq cents concertos, mais cinq cents variations du même concerto.
La seconde source de son activité débordante est probablement née de l'antagonisme, voire de la tension, entre une grande réceptivité d'une part, et beaucoup d'éléments de tonicité d'autre part.
La réceptivité est une des caractéristiques morphologiques du personnage. Nous la retrouvons dans l'ovalité du cadre et l'épaisseur des chairs, notamment dans le bas du visage. Un témoin contemporain parle même de double menton. Nous la retrouvons aussi dans le volume de la lèvre inférieure et les lèvres entr'ouvertes, dans les yeux orbiculaires et les paupières légèrement recouvrantes, puis dans la rondeur et le dégagement du front. Nous la retrouvons enfin dans sa chevelure rousse, donc plutôt claire.
La tonicité est la caractéristique morphologique antagoniste du personnage. Nous la retrouvons dans l'avancée du menton et de l'ensemble de l'étage médian, notamment dans la maturité du nez, la vivacité du regard, la protubérance des arcades sourcilières et le volume des sourcils, puis dans le méplat sur le front de la zone de réflexion et enfin dans la frisure des cheveux.
Nous avons, par cet antagonisme réceptivité/tonicité, à la fois la source de l'ampleur de son énergie et de sa production d'une part et l'ambivalence de son comportement d'autre part. "Un homme austère et obstiné, capable de moments d’exaltation et de joie débordante…". "Toute sa vie, le Prêtre roux s’angoisse, fulmine, jubile, explose de colère comme de joie… homme survolté qui brasse beaucoup de choses en même temps, s’agite, s’inquiète, reçoit froidement Goldoni pour ensuite lui bondir dans les bras et le porter aux nues".
Par l'épaisseur de ses chairs, il était capable de beaucoup d'adaptation dans la gestion de ses ressentis et de ses émotions et pouvait paraître presque insensible dans un premier temps. Mais sa tonicité et la maturité de son nez l'obligeaient, dans un second temps, à une attitude très affirmée donc contradictoire. Par la morphologie du nez, son besoin d'attention de la part des autres, ce caractère affirmé, voire obstiné lui donnait l'image d'un homme passionné et entier, "pas toujours sympathique pour son entourage mais convaincu et entier dans ses choix et ses passions, toujours soucieux d’être le personnage central, l’homme-clé d’une situation, si embrouillée soit-elle".
Antonio Vivaldi cherchait à prouver ses qualités de compositeur exceptionnel, quitte à amplifier exagérément un talent présenté opportunément comme spontané, "lisez cet air, c’est Monsieur qui l’a fait ici, sans bouger, en moins d’un quart d’heure". Etait-ce une faiblesse, un complexe d'infériorité ou son opposé ? "La vanité est une ambition toute personnelle ; ce n'est pas pour ses qualités réelles, ses mérites et ses actions, que l'on veut être estimé, honoré et recherché, mais pour soi-même ; aussi, la vanité convient-elle surtout à la beauté frivole." - Johann Wolfgang von Goethe (Maximes et réflexion). Si Vivaldi était présenté par ses contemporains comme vaniteux, cela trahi plus précisément un immense besoin d'attention, pour soi-même. Le "soliste", c'est lui. Ce besoin pourrait suffire à expliquer, au-delà de son engagement de prêtrise, la difficulté d'une vie maritale et conséquemment l'absence de descendance. Nous pouvons noter l'absence de la mère dans les rares témoignages historiques mais la présence d'une de ses sœurs auprès de qui il a vécu quelques années. L'hypothèse d'une recherche d'amour inconditionnel au sein d'un orphelinat au milieu d'une ville flamboyante et très permissive nourrit un autre paradoxe.
Cette recherche paradoxale peut se comprendre si l'on examine le dessin de sa bouche en rapport à l'ensemble du visage et plus particulièrement le nez et le menton. L'hypothèse d'un besoin d'amour inconditionnel s'oppose à un réel esprit d'indépendance. S'y ajoute une probable autre difficulté née d'un antagonisme local entre l'épaisseur de la lèvre inférieure et son retrait (profil de la caricature) et d'un autre antagonisme entre l'épaisseur de la lèvre inférieure et la minceur de la lèvre supérieure. Une dissonance entre désirs et intentions d'une part et leur réalisation d'autre part. Une contradiction entre le puissant besoin d'implication relationnelle et l'apparente difficulté dans sa concrétisation. Nous pouvons comprendre que la musique devienne pour Vivaldi un exutoire salvateur mais pas nécessairement sa voie royale, même s'il en tirait grand avantage.
Ce degré d'implication, nous le retrouvons dans son désir de tout gérer, "…cumuler à lui seul les charges de compositeur, d’instrumentiste, de négociant en partitions et d’imprésario…". Un besoin d'implication doublé, par la morphologie du menton et son avancée, d'un puissant besoin de concrétisation. Mais l'antagonisme non résolu apporté par l'épaisseur des chairs sur l'étage instinctif (la mâchoire) est peut-être l'explication de son indigence à sa mort malgré son âpreté dans la défense de ses intérêts financiers.
Nous pouvons relever enfin une composante féminine (cadre ovale, réceptivité des chairs, front rond, dessin de la bouche). Cette composante lui donne cette capacité d'inventivité et subsidiairement de prodigalité musicale. Sa spontanéité et son inventivité dans l'écriture n'est pas totalement usurpée car elle peut naître de sa grande réceptivité et de cette composante.
La révélation de la compacité de son cou, apanage du type morphologique Large, est un dernier antagonisme face à son type morphologique Longiligne. Cet antagonisme révèle une probable difficulté dans la gestion des nécessités matérielles et l'explication de sa rugosité dans la conduite de ses affaires. Cela révèle également une probable fulgurance de son énergie, l'impétuosité épisodique de l'expression de son talent.
Nouvelle mise en perspective de la vie et de la personnalité d'Antonio Vivaldi.
La morphopsychologie, dans le respect d'une formule chère au Dr Louis Corman « ne pas juger, mais comprendre », nous offre un éclairage innovant et inattendu sur le fonctionnement d’une personnalité historique. Antonio Vivaldi, par la morphopsychologie, nous dévoile quelques aspects méconnus de sa personnalité. La difficulté réside dans la rareté des portraits, et la forte présomption d'un "faux" en ce qui concerne son portrait "officiel".
Ce que nous pouvons retenir est le grand nombre d'antagonismes (réceptivité/tonicité pour l'essentiel) et parmi ceux-ci quelques-uns non résolus (l'étage instinctif et le cou). Ceci confère à privilégier les mécaniques cérébrales/intellectuelles plutôt que les nécessités matérielles. Il apparaît que la musique a été un investissement nourricier en compensation de son désir profond d'amour inconditionnel et consubstantiellement de son immense besoin d'attention. L'amour de la musique pourrait paraître secondaire. Quoi qu'il en soit, sa quête est récompensée car son art l'a porté au panthéon des compositeurs les plus interprétés et les plus appréciés du public.
Christophe Drouet - Mars 2008
La morphopsychologie est une technique qui permet de décrire, avec beaucoup de précisions, une personnalité simplement en étudiant l’ensemble d’un visage.
plus d'informations générales sur la morphopsychologie
www.morpho-psychologie.fr
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